9 Juin 2020
Cette nuit lorsque je me réveillais je pensais à une image refuge au Japon, et le Mont Fuji m’est apparu aussitôt majestueux et fort. J’ai revécu ce moment d’intense émotion où l’an denier soudain il s’est dressé comme dans un rêve au détour d’un chemin. Une émotion très vive s’est alors emparée de moi j’ai sorti mon carnet de voyage, mes crayons, mon aquarelle et en quelques traits rapides j’ai immortalisé ce face à face dont j’avais rêvé toute ma vie devant des gravures d’Hokusai ou d’Hiroshige. Il était toujours là fidèle à lui même, avec ce petit nuage blanc accroché à son sommet, ses traces scintillantes de neiges éternelles, et quelle chance des cerisiers en fleurs marquaient le premier plan,
Dans les moments souvent difficiles de ma vie je criais« j’irai au Japon », c’était un rêve avorté d’adolescente, j’avais 17ans, mon frère et ma sœur avait été choisis pour participer au Japon, au Jamborée scout dans un camp au pied du Mont Fuji, et moi non ! je n’étais pas dans la bonne tranche d’âge, ce fût peut-être la première grande déception de ma vie, une très forte frustration, j’ai passé un été affreux et triste, ne pouvant comprendre une telle injustice. Je crois qu’inconsciemment cela est resté ancré en moi toute ma vie car j’ai toujours gardé accroché dans ma charme le kimono de soie bleu turquoise brodé de papillons multicolores que mon frère et ma sœur m’avait offert en cadeau de leur merveilleux voyage dont ils ne cessaient de parler, et tout les matins cette étoffe froissée me rappelais mes vœux, je devais aller au Japon.
La vie est passée avec d’autres projets et peu de voyages et enfin à plus de soixante ans après encore de dures épreuves dans ma vie, en avril dernier, mon amie Yo m’a entraîné dans ses pas et ceux de ses amis pour réaliser mon rêve. C’est ainsi je me suis suis retrouvée devant Fujî-san, Monsieur Fuji, pour les japonais il est plus qu’une montagne, cest un Kami, un esprit, un dieu, un personnage. J’ai pleuré de d’émotion, de joie ou de bonheur, il m’a dit : « tu vois Cecile tu es parvenu jusqu’à moi malgré toute les difficultés que tu as traversées, tu es là ! » . Je n’ai pas été la seule à pleurer, il y avait trop d’émotion dans ce lieu. En écrivant ces quelques lignes, ce matin, je pleure encore, mais il ne le faut pas. aujourd’hui est un jour de tempête et j’ai besoin de la force de Fuji San pour que mon corps résiste, et peut-être un jour irai-je revoir Fujî-San qui lui a la chance d’être immortel.